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Quelle est l’histoire de notre communication non verbale ?

Portrait-Virginie-GRAZIANI
Virginie Graziani
Gestion des Talents & Synergologue

19 octobre

Temps de lecture : 7 minutes

 

Notre communication non verbale est innée, cependant nous avons mis du temps à nous y intéresser pleinement. Bien entendu, certaines disciplines se sont appuyées sur nos gestes, ou encore sur l’espace que nous mettons entre nous et les autres. Cependant, l’avènement de la vidéo et le développement d’internet a fortement participé à développer de nombreux courants autour de disciplines dont l’objet principal est le langage corporel. Découvrons ensemble l’histoire passionnante de cette évolution de notre intérêt pour notre comportement non verbal.

 

Gestuelle, non verbal, langage corporel 

Depuis longtemps, de nombreux auteurs et chercheurs ont étudié notre langage, et plus particulièrement la partie verbale de notre communication. Cependant, notre langage parlé est un prolongement de notre corps. Nous n’avons pas besoin d’oreilles pour entendre le son, les vibrations sont ressenties par l’ensemble du corps. Ainsi, la séparation entre la communication verbale et non verbale n’a pas lieu d’être. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que notre communication est globale.
Aussi, l’idée fait désormais son chemin, notre langage comprend tout ce qui peut être vu et entendu. Et le langage corporel fait partie de la communication non verbale, c’est-à-dire tous les messages que l’on peut faire passer sans avoir recours à la parole. En effet, ce langage corporel est notre première langue, majoritairement commune à tous, la partie culturelle réside dans certains de nos gestes et emblèmes (apprit dans notre éducation puis produit à la demande dans une situation donnée). 
Après un long cheminement, il est aujourd’hui admis que notre non verbal représente au moins la moitié des éléments analysés en situation de communication. Pour rappel, le langage corporel est l’ensemble des manifestations du corps telles que notre posture, nos mouvements corporels, notre gestuelle, nos mimiques et expressions de visage, nos mouvements et changements de direction de notre regard, tout comme d’autres changements biométriques inconscients de notre corps (rougeur, dilatation de la pupille, etc.).

 

Fondations d’une discipline corporelle

Il est intéressant de comprendre que nous avons tout d’abord étudié le geste pour comprendre comment ce dernier pouvait renforcer notre discours. La question de l’origine du langage est également au cœur de notre communication non verbale. En effet, le geste humain a été étudié par différentes disciplines au cours des siècles en Occident. Dès l’antiquité, la rhétorique s’intéresse aux mouvements de l’orateur pendant son discours (avec Marcus Fabius Quintilianus et Cicéron).
Au XVIe et au XVIIe siècle, la communication non verbale est étudiée à des fins artistiques, dans l’art pictural (Adam Kendon). Pour réaliser les personnages d’un tableau ou d’une sculpture, des traités expliquent comment représenter certaines émotions et postures. Pendant le siècle des Lumières (XVIIIe et XVIIIIe siècle), les philosophes observent le geste dans le but d’expliquer les mystères de l’origine du langage
Charles Darwin évoque pour la première fois que l’importance de la communication non verbale en 1872 où il émet l’hypothèse de l’universalité des émotions. Ses travaux donnent naissance à l’éthologie humaine. En 1941, l’anthropologue David Efron réalise la première étude non verbale afin de montrer que la gestuelle est un code de communication commun aux membres d’une même culture. Il construit le premier classement des gestes.
En 1956, Grégory Bateson introduit le concept de la « double contrainte » (double blind) selon laquelle les messages verbaux et les messages non verbaux peuvent se contredire et rendre très néfaste le processus de communication. Dès 1966, Algirdas Julien Greimas définit les bases théoriques de la sémiotique, dès 1966. La sémiotique se fonde sur le concept de « signe », tous les types de signes ou de symboles et pas seulement les mots. Même un geste ou un son sont considérés comme des signes.
En 1968, Ray Birdwhistell fonde la kinésique qui étudie les aspects communicatifs appris et structurés des mouvements du corps. Il s’agit de la première démarche qui traite des micro-mouvements. L’anthropologue Edward Twitchell Hall met en lumière l’utilisation de l’espace par l’homme et donne naissance à une nouvelle discipline, celle de la proxémie.
Élaborée par John Grinder et Richard Bandler dans les années 1970, la PNL ou Programmation neurolinguistique donne naissance à une grille de lecture des mouvements oculaires dite VAKOG même si plusieurs concepts de la PNL en lien avec la communication non verbale posent des problèmes de scientificité.  En 1971, Albert Mehrabian démontre que notre communication passe avant tout à 55% par notre gestuelle contre 7% par les mots utilisés.

 

Consolidation des découvertes corporelles

Dans les années 60 et 70, le geste est considéré comme un des éléments de la communication non verbale au même titre que le regard, les postures, les mimiques faciales ou encore les distances proxémiques. Le champ de la communication non verbale se focalise sur ce que ces mouvements révèlent (et que la parole n’exprime pas) et comment ils influent sur les interactions (Adam Kendon, 1967).
En 1976, Paul Ekman et Friesen développent une première banque de données visuelles réalisées à partir d’images statiques de visage. En 1988, Paul Ekman développe une seconde banque de données visuelles réalisées à partir d’images statiques de visage. C’est l’impulsion qui donne l’opportunité à Paul Ekman de créer une grille de classification : FACS ou Facial Action Coding System. Paul Ekman développe ses travaux de recherche autour des émotions et de la véracité du langage parlé, ce qui lui permet d’identifier des micro-expressions faciales.
En 1980, Milton Erickson décrit de manière très pratique l’importance des mécanismes subliminaux dans l’acte de communication. Paul Watzlawick montre dans ses travaux de recherche à quel point nous ne pouvons pas ne pas communiquer. Depuis les années 80, les études de la gestuelle (gesture studies) s’intéressent aux liens qui unissent la parole au geste et à la pensée.
En 1990, la découverte des neurones-miroirs permet d’avancer dans la compréhension de nos gestes. En effet, cela permet d’établir une corrélation entre nos mouvements personnels et ceux de notre interlocuteur. Dans les années 90, les neurosciences défrichent de nouveaux univers tels que les neurosciences comportementales, sociales et neurolinguistiques.
Avec l’évolution des connaissances scientifiques et des méthodes, l’imagerie cérébrale permet d’explorer d’autres champs. Dès 1995, les recherches d’Antonio Damasio sur la plasticité du cerveau permettent d’établir une corrélation entre notre cerveau et les mouvements du corps.
En 1994, Philippe Turchet donne naissance à la Synergologie dont l’objet scientifique est le langage corporel. Cette nouvelle discipline s’appuie sur la classification des micro-attitudes du visage et du corps humain la plus complète à ce jour dans le champ de la communication non-verbale humaine. Le corpus Synergologique repose sur une banque de données de plus de 6000 vidéos, classifiées en fonction du geste ou mouvement répertorié.

 

Pour conclure, nous pouvons observer que toutes les disciplines s’intéressent au langage corporel d’une façon ou d’une autre car il est difficile de faire l’impasse sur cette partie tellement significative de notre communication. Aussi, je vous invite à vous initier à cette autre dimension. Quelle que soit la technique ou l’objectif d’une formation à la communication non verbale, le plus important reste la prise de conscience de l’importance des gestes au sens large, tout comme la nécessité d’apprendre à éduquer l’œil de celui qui souhaite observer et analyser le langage corporel.

A propos des secrets du langage corporel

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Guide Booster sa communication à la télévision

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2 Commentaires

  1. Merci Virginie.

    Toujours aussi intéressant.

    Communiquer n’est jamais un monologue, mais toujours une interaction, avec plus ou moins de verbal et de non verbal.

    1) L’influence du contexte :
    C’est là qu’interviennent des éléments contextuels de communication qui peuvent être favorables, neutres, ou défavorables.
    Exemples : Un canal de communication perturbé par des parasitages entre « l’encodage » de l’émetteur et le « décodage » du ou des récepteurs, une disposition de pièce ou de tables inadaptée au contexte, un malentendu entre l’émetteur et le(s) récepteur(s) (lors de la préparation, l’organisation, les objectifs annoncés, etc…), une confusion entre les rôles annoncés et les rôles réels, etc….
    Si ces éléments contextuels sont mal définis et/ou mal préparés, leur influence peut rapidement créer un malaise dans la rencontre, et être préjudiciables à la communication positive réciproquement attendue au départ.

    2) Exemples vécus :
    Dans ce domaine, j’ai même vécu des situations qui relèvent plus du théâtre comique que de relations humaines dans un contexte professionnel. Ainsi on m’a présenté une personne qui voulait m’aider à arrêter de fumer alors que je ne fume pas, une personne qui voulait m’aider à faire un régime pour perdre du poids alors que j’ai une habitude alimentaire de sportif, et même un consultant débutant qui voulait me former au métier de consultant que j’exerce depuis 1993, en ayant également formé plusieurs consultants, bien avant que ce consultant démarre sa nouvelle activité.
    J’ai même eu un de mes anciens stagiaires qui, en 2014, voulait me former sur ce que je lui avais enseigné en 2000 et qui ne s’en souvenait plus.
    Forcément, ces situations sont rapidement déstabilisantes pour ces personnes, dès nos premiers échanges. Pour ma part je préfère le prendre avec humour, même si ce n’est jamais agréable de perdre son temps au cours de ces rencontres. Rencontres mal organisées par des intermédiaires qui ne connaissent ni les besoins et attentes des uns, ni les compétences et expériences des autres.

    3) Rencontres recruteurs / candidats : (en situation réelle ou en simulation)
    Dès lors que l’organisation préalable de ces rencontres a été réalisée de façon professionnelle (contrairement aux contre exemples évoqués ci-dessus), le(s) recruteur(s) a (ont) une responsabilité première pour créer les conditions favorables à une communication positive et constructive avec les candidats, afin de ne pas rajouter de stress inutile et parasite au stress compréhensible. D’ailleurs ce stress compréhensible s’atténuera d’autant plus facilement et rapidement que ces conditions sont cordiales et respectueuses, et avec empathie. Et indépendamment de l’adéquation du candidat avec le profil recherché, si cette communication positive n’est pas au « rendez-vous » le jour de l’entretien, il est peut-être préférable de ne pas envisager le recrutement, même si une recherche complémentaire d’autres candidats doit être réalisée.
    Et c’est vrai également pour les candidats déçus par le « climat » de leur entretien, car le choix d’une collaboration réussie et pérenne doit être réciproque.

    Bien cordialement
    Jean-François

    Réponse
    • Bonjour Virginie.

      C’est toujours un plaisir de lire vos articles et celui-ci m’a inspiré :

      Mille théories scientifiques et analyses psychologiques peuvent nous expliquer les secrets du langage non verbal.
      Il utilise des signaux multiples qui existaient bien avant le langage verbal.
      Contrairement aux langages verbaux inventés ; et qui ont besoin d’apprentissage et d’interprètes ; le langage non verbal est inné, spontané et international.
      C’est souvent à la faveur du langage verbal codifié que nous avons un peu perdu la compréhension du langage non verbal. Celui-là même qui existe aussi chez les animaux, dépourvus de parole.

      Sans les passer tous en revue, illustrer la magie du langage non verbal avec ce que « disent » nos larmes et en utilisant la poésie des mots, me semble un moyen pédagogique de l’exprimer.
      Car il y a toujours une raison, une explication, aux sentiments qui « déclenchent la larme ». Et ne pas savoir les reconnaître, c’est prendre le risque de mal les interpréter.

      D’ailleurs, c’est en tant que mime internationalement reconnu que Marcel Marceau a fait « parler de lui », et c’est en tant qu’acteur du cinéma muet que Charlie Chaplin a pu « se faire entendre ».
      Ils ont tellement joué avec nos émotions, qu’ils en ont souvent « déclenché la larme ».

      La larme

      Discrètes, c’est une émotion contenue qu’elles révèlent.
      A flots continus, c’est peut-être une douleur immense, un appel.
      En voile embué, c’est un pudique chagrin qu’elles trahissent.
      Piquantes, c’est contre un oignon ciselé qu’elles protestent.

      Aux coins des yeux, c’est au froid glacial qu’elles réagissent.
      Dans un seul œil, c’est une poussière qu’elles combattent.
      Incontrôlées, nos éclats de rire frénétiques elles accompagnent.
      Sans retenue, c’est la joie de retrouvailles qu’elles nous chantent.

      Nous les connaissons bien, toutes ces larmes
      Si nos peines et nos joies « déclenchent la larme »
      Il ne faut pas que l’on s’en alarme
      Elles sont aussi porte-parole de notre âme.

      Il ne faut pas seulement les regarder
      Il faut aussi et surtout les « écouter ».
      Elles sont aussi une forme de langage
      Qui n’a pas besoin d’autre verbiage.

      Tout comme les mots et les mains, elles nous « parlent ».

      Jean-François LECARPENTIER – Mercredi 27 Octobre 2021

      Réponse

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